Mon vieux piano


Ah! qu'il est beau le vieux piano de notre maison.  Maman l'avait acheté, dans les années 40, alors qu'elle étudiait le piano avec un professeur renommé,  qu'elle nommait M. Thompson, elle est allée chercher son diplôme supérieur et elle en était si fière.  Ce diplôme a longtemps fait parti du décor du salon.  Elle l'avait acheté grâce à son travail dans un hôpital de la région. 

Elle aimait la scène et elle aurait aimé faire carrière dans la musique, mais ce ne fut pas sa destinée. Elle s'est mariée et je suis venue au monde.  Alors son rêve était que nous soyons tous musiciens,

Mais je préférais grimper sur le piano pour jouer avec la jolie bouteille de porto et ses petits verres. Et à quatre ans, j'ai commencé l'école de piano.  J'avais un grand talent et mes parents avaient de grandes ambitions pour moi. 

À 5 ans, 1ère de la province de Québec
avec une note de 100%
Mon frère,  a aussi commencé  des cours de violon à l'age de 4 ans.  Alors il y a eu l'accident;  à cinq ans, il est tombé de la galerie, d'une hauteur de 15 pieds.  Dans ce temps là l'assurance maladie n'existait pas et papa n'avait pas d'assurances. Mon frère, qui avait un gros trou dans l'os frontal a du être placé en pension, le temps que du croquant referme son front.   Le bas de laine s'est vidé, et les autres enfants n'ont pas pu recevoir de formation en musique.  Par contre, vu que j'avançais rapidement dans ma discipline, j'ai pu continuer les cours de musique, j'ai eu la crème des professeurs et à 11 ans, j'entrais au Conservatoire de Musique et d'Art Dramatique du Québec.  

Alors, j'étais pensionnaire chez les sœurs de Sainte-Anne et ma vie était un cauchemar. Le dimanche soir, je me tapais 1 heure 1/2 d'autobus et dès que j'arrivais, au couvent, je devais faire mon heure de pratique.  Et tous les jours, mon horaire était décidé en fonction des 4 heures de pratique que je devais faire.  Donc coupure dans les récréations, dans les temps libres, coupure dans les ateliers d'art ménager, de couture et d'artisanat.  Et le samedi matin, je partais, avec ma valise de linge sale, pour suivre mes cours de musique au conservatoire. J'arrivais le samedi soir à la maison et j'avais tout juste quelques heures pour me reposer, étant donné que la famille grandissait, il me fallait aussi aider maman avec les tâches de la maison. 

Mes doigts ont passé beaucoup d'heures à courir sur ses
 belles touches d'ivoire, il est maintenant mon vieux piano nostalgique.

À 15 ans, après quelques échecs et humiliations, j'ai tout abandonné, au grand désespoir de mes parents.  Je crois que mon père comprenais, mais pas ma mère, qui m'a fait une vie d'enfer par la suite. 

Comme dans la chanson de Claude Léveillé, mon piano s'est tu, il a été déménagé plusieurs fois, et il ne peut plus être accordé, la table d'harmonie étant cassée, mais il vit une belle retraite, dans la garderie de ma sœur, oû il fait la joie des petits enfants.      

Ce soir, j'ai retrouvé mon piano nostalgique et je le partage avec vous










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